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Drone agricole

Usages des plateformes

Sur cette page, nous revenons sur l’enquête menée auprès des agriculteurs quant à leur usage du numérique et en particulier des plateformes. 62 entretiens à trame biographique ont été menés entre mai et novembre 2021 par Victor Potier, Sarah Lemaire et Cédric Calvignac. Ils ont été réalisés, dans une visée ethnographique, sur les exploitations, avec des agriculteurs et agricultrices situées dans trois régions (relative aux zones d’implantation de trois coopératives importantes : Euralis, Vivescia et Terrena). Outre les critères géographiques, les enquêtés ont été sélectionnés en respectant la diversité des OTEX sur les trois territoires observés. Les enquêtés ont été anonymisés.

Les primos analyses ont permis de faire ressortir quatre grandes catégories d’usagers :

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  • Les « déconnectés » : le numérique ne modifie pas chez eux les trajectoires d’usage. On observe simplement un report de pratiques (par exemple les petites annonces, qui au lieu d’être en version papier se font sur leboncoin ou Agriaffaires). Ils sont peu équipés et ont une utilisation limitée des outils numériques. Cela s’explique d’abord par des compétences numériques généralement limitées (profils + de 50 ans, avec un bas niveau de formation générale, agissant en agriculture conventionnelle). Outre l’explication générationnelle, la faible utilisation du numérique peut s’expliquer par des raisons politiques (l’idée que le financement participatif par exemple serait réservé à l’agroécologie ou au bio) ou professionnelle (à compléter).

 

  • Les « aventuriers » : ce profil d’agriculteurs a un usage ciblé et ponctuel des outils numériques, dans une optique exploratoire lors de difficultés passagères ou durables. On peut citer Manon, qui utilise Miimosa pour financer sa chèvrerie, solution qui lui a été recommandée par la Chambre d’Agriculture, ou Bruno qui utilise Wwoof pour rompre l’isolement. En termes de profils sociodémographiques, il s’agit généralement d’agriculteurs expérimentés (25 à 50 ans), disposant d’un fort capital social.

 

  • Les « opérateurs » : ce profil rassemble des agriculteurs avec un haut niveau de formation, ayant pour beaucoup une socialisation antérieure aux outils du web participatif. Leurs pratiques sont très instrumentées et ils ont recours aux outils de gestion numériques, notamment pour suivre et rationaliser leur activité. Certains comparent les prix, rejoignent des groupes de discussion en ligne et/ou utilisent des plateformes de commercialisation en circuit-court.

 

  • Les « transfuges » : ce dernier profil regroupe des « transfuges » professionnels (reconversions), qui replacent les usages dans des cadres sociotechniques déjà stabilisés. Leurs pratiques sont très instrumentées par des outils provenant du dehors des mondes agricoles (Whatsapp, Facebook, Le Bon Coin. Ces agriculteurs sont jeunes (vingtaine ou trentaine), avec un haut niveau de formation et ayant travaillé dans des grands groupes auparavant. Pour certains, il s’agit de reprendre une exploitation familiale. On peut citer Domitille, qui est passée de la « com’ » au Maïs et qui utilise Instagram pour montrer ses productions, ou Cédric, ancien informaticien devenu maraîcher qui abondamment Facebook ainsi que les circuits-courts en ligne.

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